Ma motivation... dénoncer la maltraitance des travailleurs handicapés
J'ai créé ce blog afin de relater la souffrance au quotidien de mon conjoint, travailleur handicapé.
Outre les souffrances physiques et psychologiques causées par la maladie, il est victime de maltraitance dans le milieu professionnel.
Il y a des lois qui protègent les personnes handicapées, les lois contre la discrimination, même son employeur en a fait sa priorité. L'objectif serait d'atteindre l'obligation d'emploi de 6% des personnes porteuses de handicap. C'est bien beau de remplir des cases, encore faut-il pouvoir s'en occuper.
On appelle une personne en situation de handicap au travail, un BOE, un Bénéficiaire de l'Obligation d'Emploi. On déroule le tapis rouge, on le reçoit en grandes pompes, on le bichonne devant la presse, on débloque les fonds nécessaires pour le recruter.
Employeurs, votre rôle ne s'arrête pas là. Cette phase ne représente que 1% de vos obligations envers ces personnes, oui ce sont des personnes comme vous et moi, mais non des marionnettes.
Quant est-il de l'aménagement du poste de travail, de la formation, de l'information au coeur même du milieu professionnel ? Et les collègues ? et les chefs de service ? Et le harcèlement moral, la discrimination, le mépris, le regard et les propos moqueurs, insultants qui gravitent autour du sujet "BOE" ?
On l'accepte, on ne peut pas faire autrement : "le pauvre, il faut bien qu'il continue à travailler, il a une famille à nourrir"!
On le surveille, les collègues sont chargés de le faire craquer, on épie chaque geste, chaque comportement, On bloque les ascensseurs entre deux étages juste pour voir, comment il va faire ? Il est la risée de tous.
Il n'est pas noté pour ce qu'il fait, mais pour ce qu'il ne peut plus faire.
Il n'est pas promu au grade supérieur car "vous comprenez... si on vous demande de courrir, vous ne pouvez pas..." Condition sine quai non pour accéder au grade supérieur ! Il faut prendre ses jambes à son coup (interprétez comme vous voulez) sinon ne passe pas au niveau supérieur.
Il est comparé à un délinquant. Il ne faut pas le fréquenter. On l'isole, il n'est plus invité aux réunions, encore moins aux repas orgnisés au sein même de son entreprise. On aménage son poste sur les papiers administratifs, mais en même temps, on ne respecte pas les préconisations du médecin de prévention.
On le déplace d'un établissement à un autre par "mesure conservatoire pour le protéger".
On le met en congé exceptionnel car on ne sait pas quoi en faire. D'ailleurs il a tellement peu d'importance aux yeux de sa hiérarchie, que c'est quarément un agent administratif qui prend toutes les décisions le concernant (à sa convenance, aux désitas des uns et des autres).
On signe et accorde ses autorisations de sortie quand il est convoqué pour parader auprès du grand patron lors des journées du handicap, mais après on l'insulte, on le traite de paresseux, on exige de lui le remboursement de ces heures...
Tout a commecé en décembre 2009, suite à des examens médicaux, les médecins lui ont diagnostiqué une maladie invalidante dégénérative, ses capacités physiques ont diminué, il est limité dans ses fonctions. Afin de ne pas perdre son emploi, le médecin de prévention préconise un aménagement de son poste qui est accepté, on donne même des moyens supplémentaires en ressources humaines pour les fonctions qu'il ne peut plus assurer.
Un an après il reçoit la décision de sa demande de reconnaissance de travailleur handicapé. A partir de ce jour, tout a basculé... sa vie (la notre aussi) est devenue un véritable enfer. A un tel point qu'aujourd'hui il regrette d'avoir déclaré à son employeur son état de santé et avoir fait toutes ses démarches pour soit en passant le protéger.
Pour lui, pour les BOE qui souffrent au travail, pour ceux qui par peur de stigmatisation, n'ose pas faire reconnaître leur handicap, je vais essayer de mettre à jour ce journal (comme son nom l'indique), je vais souvent revenir sur les faits qui se sont déroulés depuis que mon conjoint a perdu sa crédibilité en devenant BOE.
A très bientôt.
